SOS point de croix abandonné

Quand j'étais petite, ma maman m'a initié aux "travaux manuels". Travaux manuels ça fait un peu mémé... Craft c'est plus "tendance".

Bref. Toute petite, elle m'amenait à la droguerie, au bonheur des dames, etc. A l'époque, ça m'ennuyait, surtout la droguerie et sa longue très longue vraiment très longue queue. C'est pas la queue qui est longue, c'est l'attente alors qu'il n'y a "que" 5 personnes devant vous. Les mercredis, à la droguerie, c'était l'horreur.

Puis un jour on a acheté des perles, un lien en cuir, une breloque. Tout ça pour suivre un modèle de collier. C'était une petite tortue turquoise entourée de 2 petites perles corail. J'adorais ce collier, perdu quelque part en Grèce. 

On est souvent revenues à la droguerie car je m'amusais à faire des petits colliers.

Maman m'a inscrite à un cours de couture aussi, ou plutôt de broderie. Grande timide et n'ayant pas réussi à me faire de copine au cours, je n'ai fait qu'un trimestre. Tout juste le temps de broder un napperon en point arrière. Le fil avait un dégradé de couleur, à l'époque je trouvais ça beau. Napperon qui se trouve toujours dans le séjour de ma grande tante Marie, trônant fièrement sous une soupière. Plus kitschouille, tu meurs.

Elle m'a fait essayé le tricot. Elle même tricoteuse fortiche (mais plus le temps passe, moins elle tricote: je lui ai offert le livre de tricot d'astrid le provost, l'effet n'est pas encore produit), habituée aux moults compliments des autres mères pendant les cours de danse "non, c'est vous qui avait fait ça? Pas croyable!! ", j'ai eu droit à ma paire d'aiguilles en plastique, très grosses, très roses... Et une crise de nerf à la première tentative, puis deux, puis trois, puis une paire d'aiguilles qui a disparu.

Est venu le temps du point de croix. Ca, je sais faire. Sauf que j'ai un fort potentiel procrastinateur. Je commence super bien et j'arrête. Ma mère elle, commence rarement mais elle finit. Moi je commence beaucoup et je finis peu. J'avais trouvé un truc: je commence et elle finit. Par exemple, ma robe violette: il manque 3 boutons à coudre, et faire des noeuds aux fils qui pendouillent. Ben non, j'y arrive pas. Ca prend quoi? 5 min? C'est dans ma nature. Et je compte bien refourguer le bébé à ma mère qui s'empressera de dire que j'exagère, que ça prend 5 min. Mais elle est contente de participer...

Mais voilà. "tout n'est pas tout possible". Première grossesse, 2ème échographie. On nous apprend que c'est une fifille! papa content, maman sous le choc (persuadée que c'était un gars en chocolat, mauvais feeling). On doit rejoindre ma grand mère à saint lazare et lui annoncer la bonne nouvelle. Pour aller de Miromesnil à saint lazare, on passe devant la boutique de modes et travaux, et ses milliers de point de croix. On s'arrête 5 min et on trouve 2 points de croix avec les triplés, et leur bouledogue français. Pensant à Velvet, on achète l'abécédaire. C'était en Mars 2006.

L'affaire semblait bien partie. En 2 mois, beaucoup de coups d'aiguille. A l'époque, journées peu remplies. L'affaire s'est compliquée quand mon cher "foetus" a décidé d'installer son postérieur déjà potelé sous mes côtes, les soulevant de façon désagréable, puis douloureuse. Mes derniers mois de grossesse, je n'étais bien que debout ou allongée. Assise, au bout de 20 min, ouille. Il fallait bien une bonne excuse pour ne pas persévérer.

J'ai repris un peu, parfois.  Hélàs, ce point de croix est complètement abandonné. Il crie son désespoir, au fond de son sac, caché dans un placard (maintenant, dans un carton). Il supplie qu'un jour je revienne à lui. Mais c'est un GRAND abécédaire avec plein de menus détails absolument pénibles à faire. 15 couleurs par personnage, rien que ça.

Un jour j'y arriverai. Promis.